Sortie rivière à la journée sur le Vénéon.

Parcours P2 : Camping de la Bérarde – Pont Romain de Champhorent

La fine équipe : Jérôme, Bertrand V., Ale, Colas, Marie-Laure et votre rédacteur.

La vallée de la Bérarde est déserte, les premières couleurs d’automne font leur apparition. Les zones herbeuses en altitude virent au brun et certains bouleaux dans la vallée commencent à revêtir leur feuillage doré. L’eau du Vénéon coule en contrebas de la route -bien plus bas, dans la gorge tout au fond de la vallée-, elle est d’un bleu turquoise incroyable.

Seulement voilà, nous ne sommes venus ici pour simplement admirer le paysage ou cueillir des fleurs. Les rochers du lit de la rivière attendent de voir passer nos coques colorées et le bout de nos pagaies, voire nos ponts subitement retournées !

Sur le parking de l’embarquement, nous cassons la croûte avant de nous changer. Enfin, plus précisément, ceux qui n’ont pas l’estomac en vis de pressoir mangent un peu alors que d’autres ne dorment déjà plus depuis deux jours et sont incapables d’avaler quoi que ce soit. Et oui, même si le niveau d’eau est bas, ça reste du IV ce Vénéon.

Je vous épargne les détails sur la navette et le boulet qui oublia ses sandales dans le sac avec les affaires sèches à l’arrivée (même après des années de pratique, toujours vérifier que l’on a tout et même le demander à la ronde avant de partir faire la navette !).

L’eau du Vénéon est froide. Il ne faudrait pas moins d’eau mais tout passe sans frotter. Bien entendu, personne n’est à l’abri d’une cravate, bien des rochers sont émergés. À l’approche du rapide du photographe -que nous avions regardé depuis la route en passant- l’ouvreur nous refait le coup de la planche à laver: hop on y va sans rien dire et tout le monde suit, innocemment. Sauf Marie-Laure qui perd ici un peu de son innocence. Pas bon du tout pour le moral des troupes ça; on est proche d’un abandon massif de 33% des effectifs du groupe.

Mais le groupe reste soudé, désormais nous irons reconnaître et sécuriser les passages difficiles afin de rassurer tout le monde. La descente se poursuit, il ne faut pas relâcher l’attention car le niveau de navigation est continu et il n’y a pas de zones de répit. Et laissez moi préciser que contrairement aux croyances communes, le Cerro est parfaitement adapté à cette rivière manœuvrière !

Les reprises sont parfois tremblotantes, mal assurées à la perspective de se lancer dans le passage qui vient d’être reconnu. Le stress du stop en amont d’un passage à reconnaître donnera aussi lieu à un bain inutile, la faute à une berge frôlée de trop près pour d’obscures raisons de soi-disant sécurité. C’est bien connu, il y a plus de cailloux quand on se rapproche des berges, mais parfois le kayakiste perd sa lucidité au détriment d’une navigation propre.

Arrivés à l’infran, nous allons y jeter un coup d’œil: un caillou en réception du seuil est effectivement très dissuasif ! Portage dans la caillasse.

Vers la fin, Colas nous fera une bonne frayeur en faisant un bac juste au dessus d’un rocher drossant/siphonnant. Alors que tout le monde avait fait attention à serrer la gauche, voilà qu’il part se coller en cravate sur le rocher. Ni une ni deux, tout le monde sort précipitamment de son bateau pour lui porter secours. Pour ce qui est du temps de réaction, rien à redire, en revanche le placement des secours n’était pas idéal. Bertrand part en face mais le stop est difficile et il manque de se renverser; Jérôme et moi sommes sur la berge opposée à Colas et à part lancer une corde, nous ne pouvons pas intervenir correctement. Il aurait fallu traverser la rivière et aller l’aider à pied.

Plus de peur que de mal, Colas garde son sang froid et sort finalement de son bateau tout seul. Pendant ce temps là, Marie-Laure -qui porte sur le chemin au dessus de la rivière- tente d’expliquer à des randonneurs que le kayak est une activité ne présentant absolument aucun risque et accessible à tout le monde ![/!\ Attention second degrés, on ne plaisante pas avec la sécurité. Seulement le risque est inhérent à la pratique du kayak, on essaie de le maîtriser; d’ailleurs, venez à la journée sécurité à Saint Pierre]

Le pont Romain qui marque l’arrivée est toujours aussi joli. Le portage pour rejoindre le parking est toujours aussi dur !

ANNEXE TECHNIQUE

Question : Sachant que le kayakiste pèse 70kg, son kayak 15kg, que le chemin qui mène au parking offre un dénivelé de 150m, quelle est l’énergie nécessaire au pauvre petit pagayeur pour remonter son bateau -et tout son équipement qu’il aura gardé sur le dos histoire de bien suer- jusqu’à ses affaires sèches et sa bière qui l’attendent dans la voiture ?

Réponse : Il lui faut pour cela -et au minimum !- vaincre l’énergie potentielle liée au dénivelé, soit Ep=m*g*h. Avec m la masse à déplacer (85kg), g la gravité (9.81kg/m2) et h la hauteur à parcourir (150m). Soit 125077 joules (ou 125kJ).

Si la montée a duré 20min (t=1200s), le marcheur aura alors fourni une puissance de 104W (P=Ep/t). Une montée en 30min (1800s) se fait quant à elle à la puissance moyenne de 69W.

Or, l’apport énergétique moyen journalier recommandé est de 2000kcal (soit 8400kJ). La remontée jusqu’au parking demande donc de fournir 125/8400 des AJR, ou 1.5%. En réalité, cela demande bien plus d’énergie à notre marcheur car son rendement musculaire est loin d’être parfait: il tourne plutôt autour de 20% (25% pour une personne bien entrainée). La montée consomme donc plutôt 7.5% des AJR ! Et accessoirement, s’il monte avec une puissance de sortie 100W, en réalité le marcheur dégage aussi 400W de chaleur car ses petits muscles chauffent du fait de leur rendement bien bas !

Vu comme ça, ce n’est pas tant d’énergie dépensée. Mais quand on vient de faire une descende de kayak de 3h, qu’on a éventuellement goûté à la température de l’eau et bien stressé sur le parcours, qu’on a un long john trop petit qui serre et empêche de plier correctement les jambes, les réserves sont au plus bas à ce moment de la journée ! Et puis il faut bien le dire, on a l’impression que nos poumons ne sont pas assez grands lors de cette fameuse remontée, même sans avoir baigné auparavant. On se dit « tiens, mon VO2max n’est pas bien loin ! »

On notera enfin que la bière blonde de l’arrivée (120kcal=500kJ) compense les 2/5 de la montée (toujours ce fameux rendement musculaire de 20% ou 1/5). Mais pas la navigation, ni le stress et le portage dans la gorge 😉

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Denis

Superdenis