Août commence et il n’y a pas grandes rivières naturelles à se mettre sous la pagaie après les fortes chaleurs de fin juin et début juillet. Et après avoir éponger les bassins aux abords de Lyon, l’envie de grand air se fait sentir.

L’Isère est un classique du genre à cette période, car EDF consent difficilement à lâcher quelques précieux m3 pour satisfaire les boîtes de raft du coin. Rivière alpine école par excellence, s’y confronter relève toujours d’un certain engagement, mais après quelques années sans la fréquenter la mémoire du parcours fait défaut.

Seuls deux, puis trois, dispos, valeureux ou pas, se décident. Nous avons PY l’expérimenté qui connaît l’Isère sur le bout de la pagaie, Thomas, l’apprenti plein d’équilibre qui vient en explorateur et moi qui navigue entre deux eaux avec une perte d’esquimau….

Spoiler : en cas de bateau à récupérer, ça risque d’être compliqué……..

Prise d’infos faite, le lâcher de 8h30, samedi, n’est clairement pas fait pour le lyonnais lambda qui ne souhaite pas partir à Potron-minet. Et puis comme un poids lourd fatigué s’est couché sur le terre-plein central de l’A43, on ne risque pas d’accrocher le dernier filet d’eau de 10h.

C’est donc tranquillement que nous déposons une voiture à Centron et montons sur Bourg pour engager une intégrale, départ sous le bassin. Pique-nique et repérage des difficultés du bassin international sans eau, confirme notre choix. Embarquement en bas pour 6km de plat qui court (plus que l’Allier) mais sans réelles difficultés. J’ouvre cette portion et PY ferme pour encadrer Thomas. Tout se passe à merveille. Landry, puis les affaires se corsent sous l’accrobranche de la base de loisirs du Gothard et je laisse à PY la lourde charge de nous trouver les meilleures trajectoires

Première étape des rapides d’Aime, « la machine à couper le jambon » ne pose de souci à personne, puis nous enchaînons avec les « 400m » plutôt côté gauche avant qu’une petite erreur ne laisse PY dans un stop et qu’un rouleau m’oblige à un appui très appuyé. Voici Thomas qui se retrouve à ouvrir cette longue portion blanche avec brio sans la connaître. Mais il est temps de mettre un stop à cette cavalcade car « les moutons » arrivent et il vaut mieux le repérer.

Cours de lecture de rivière et trajectoire en mémoire, nous réembarquons pour ce qui sera une presque formalité. PY nous assure que nous avons fait les plus difficiles des rapides d’Aime. Mais après une pause pour respirer, le rouleau des « Vignes » nous demandera de gros efforts d’équilibre, d’énergie et de pagaie pour ne pas se faire retourner sauvagement.

Peu avant l’arrivée de cette section, je me retrouve à l’eau et les demi esquimau, tête en haut ne sortent toujours pas vraiment, m’obligeant à nager. En retournant et poussant le bateau sur le bord, PY arrive à le stopper sans trop dépenser d’énergie. Premier avertissement… Le temps de vider le kayak, Thomas en profite pour se dégourdir les jambes et se re concentrer pour les rapides de Centron.

Découverte du contre-prison au milieu de petits canetons, et de la très jolie gorge encore calme. Les grondements sourds d’une nouvelle ribambelle de rapides au loin, se fait entendre. Un, deux, trois, la fatigue est bien là et sur l’une des dernières difficultés de la journée (l’une des plus difficile de la série dira PY), Thomas joue les équilibristes et je fini une nouvelle fois à la nage, lâche la pagaie à cours de souffle sous l’eau pour déjuper. A bout d’énergie, je n’arrive pas à retourner le kayak pour aider PY dans sa récupération, qui réussira parfaitement quelques mètres plus loin après m’avoir relancé la pagaie. Mickey aura perdu ses jambes dans la bataille et flottera dans le kayak rempli d’eau. Il finira le week-end à regarder le paysage à travers le pare-brise de la voiture.

Heureusement que c’est la fin et que le dévaloir n’en a plus que le nom, tant il a bougé pour achever cette intégrale, nous laissant bien fatigués. Seul PY retenterai bien un Aime-Centron, mais le bref lâcher touche à sa fin et nous commençons à voir de plus en plus de cailloux.

Chargement et retour à Bourg pour récupérer la deuxième voiture, puis direction le camping Eden de Landry (réservation tardive oblige). Insensible à nos blagues, la réceptionniste nous explique les atouts du camping et comment rejoindre notre emplacement. Soirée tranquille, douche grand luxe et débrief de la journée nous amènent gentiment vers un repos bien mérité

Dimanche : ça se complique… La nuit n’a pas été si réparatrice qu’espérée et le lâcher matinal de 8h30 n’est pas des plus motivant. Il fait frais en montagne et les affaires n’ont pas séchées. Ce petit bonheur bien connu des moins bien équipés (qui sont souvent ceux qui baignent le plus) de remettre une combinaison humide fraîche. Tout un programme qui finit de réveiller… ou pas !!!

L’idée première est de tenter un doublon Bellentre-Centron, partie la plus fun selon certain. Bien que peu sereine, les sensations reviennent. « Machine à couper le jambon », « 400m » glissent tout seuls. Petite halte pour reprendre son souffle et « les moutons » passent tout aussi bien, c’est donc confiant que nous enchaînons vers « les vignes ». Thomas choisit, comme hier, la ligne plein centre du rouleau qui le retourne sèchement, lui arrachant kayak et pagaie.  A quelques encablures derrières, je ne peux l’éviter manquant de réflexe, de rapidité et de puissance pour forcer la bascule sur l’avant du kayak, je me fais aspirer par ce traitre rouleau. Et c’est le bain fatal, obligeant PY, seul sur l’eau à courir derrière deux kayaks.

S’ensuit une longue randonnée pour les baigneurs, l’un sur la piste cyclable, l’autre à travers bois et ronce et une course effrénée après les deux embarcations. Je retrouve mon kayak échoué sur la rive droite, bien calé par un PY héroïque et Thomas me rejoint après avoir vu le kayak et la pagaie du sauveteur aux abords de la base UCPA juste avant le must run Centron.

Revue des effectifs : 3 humains dont un totalement épuisé par ce sauvetage, 2 kayaks et 2 pagaies.

Un kayak court toujours et une pagaie serait hypothétiquement dans un contre plus en amont. La seule stratégie possible est que PY reprenne le courant au milieu des rafts et Têtards pour ne pas être solo, et avec Thomas, notre mission est de rallier la voiture laissée à Bellentre en profitant d’une navette de raft ou d’un touriste généreux. Échec total, c’est donc à pied, le long de la piste cyclable, (ça peut aider une rivière non isolée parfois) que je rejoins la voiture 5km plus en amont où un msg m’attend pour dire que le kayak est retrouvé et que PY est au milieu des rafts.

Nous nous retrouvons au débarquement à Centron pour retrouver nos esprits et remonter vers Aime pour un repas nécessaire et une analyse fine du rapide « des Vignes » qui nous posent vraiment problème. Et nous qui pensions apprécier le vin….

Nous déplorons une pagaie club perdue qui est retournée à l’état sauvage, un sauveteur épuisé tant physiquement qu’émotionnellement et une réflexion se pose : Combien de kayakistes en capacité d’assurer la sécurité sur l’eau VS potentiels baigneurs.

Nous étions clairement sur une prise de risque consciente mais qui nous semblait jouable puisque le samedi s’était bien passé…

L’Isère est vraiment une rivière école à bien des égards et nous avons reçu une belle leçon à méditer ce week-end.

Une TO DO apprentissage se fait :

Retravailler les bases en permanence, l’esquimau est la clé.

Apprendre à retourner son kayak dès que c’est possible pour soulager celui qui va le récupérer (sauf quand tu percutes un rocher qui te stoppe au moment de le retourner et que le kayak se défile- vive la mémoire corporelle)

Ne pas lâcher sa pagaie (c’était une première pour Thomas et moi qui avons toujours gardé ce précieux sésame en d’autres bains)

Travailler les attitudes réflexes de bascule vers l’avant pour les encrer. Travailler son endurance, sa puissance (ça n’engage que moi)

@Mélanie

Catégories : Récits sorties

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