Tarn Kayak CKTSV

Dans le processus cognitif du moment, il est nécessaire de désapprendre. Ainsi l’existence de ce traité succinct, plus couramment appelé de manière triviale « compte rendu », permet de dresser une liste (nonexhaustive) de contre-vérités inhérentes à notre époque.

1)Un stage nommé « stage Italie » doit se dérouler en Italie:
FAUX, le don d’ubiquité explique ici que la troupe se soit retrouvée en plein centre de la France.

2)Le temps est linéaire et incompressible:
FAUX, puisque que nous avons réalisé un stage de 5 jours en seulement 3 jours.

3)Les kayakistes sont fous à lier:
FAUX, ils sont juste fous de l’Allier (la rivière, pas le département, faut pas abuser). C’est pourquoi on a débuté avec un Allier à 20m3 sur la portion St-Étienne de Vigan – Jonchères. Un chouilla court comme portion, mais poursuivre jusqu’au nouveau-monde aurait été un chouilla long. Soleil pour naviguer, pluie pour se changer.

4)Le courant descend la rivière:
FAUX, à ce propos le passage susnommé « Triple chute » en est probablement une pour les saumons, mais pas pour ce drôle d’animal qu’est un kayak polyeth’. Le passage est une sorte de petit tremplin, avec une langue d’eau à prendre sur sa partie la plus ascendante si l’on ne veut pas dire bonjour aux rouleaux trainant dans les parages.
5)L’eau ça mouille:
FAUX, à cela deux techniques sont envisageables pour dresser un camp. 1) passer entre les gouttes. 2) laisser le soin à Denis et Ale de dresser deux bâches parfaitement profilées pour la pluie battante. Nous avons préféré la deuxième technique. Comme la troisième technique consistant à louer un bungalow n’avait rien de Funky, nous avons préféré louer le soleil de revenir.
6)De nos jours les problèmes d’eau chaude dans les campings c’est rare (m’étais-je dis en début d’année):
FAUX, après la cure thermale offerte au camping du stage précédent (Var), nous avons continué notre malchance avec un chauffe-eau en panne à notre arrivée. Au moins celui-ci sera réparé dès le lendemain.

7)La température de l’air se réchauffe au cours de la journée:
FAUX, légèrement habillé d’une polaire et d’un pantacourt au réveil, je rajoute des couches jusqu’à finir en jeans, polaire + manteau + bonnet au bord de la Mimente. L’envie d’aller taxer un kawa à la mamie nous espionnant depuis sa cuisine fut forte. On s’attendait à un niveau démentiel, et on a frôlé la limite de navigabilité INFERIEURE. Niveau mini donné à 1,45m à Cassagnas ; on l’a fait à 1,43m. L’embarquement fait peur, tellement il y a de cailloux et pas d’eau. Finalement le reste de la rivière passe mieux. Descente gentille et très joli paysage encaissé (comme le disent nos amis tchèques). Parcours P1 réalisé, si j’ai bien compris.

8)On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve:
FAUX, et j’imagine que certains lecteurs carnassiers arrivant à la contre-vérité n°8 sans évocation de sketchs, commencent à baver comme des vautours enragés (est-ce que les vautours peuvent être enragés, cela est un autre débat). Eh bien la descente du moyen-Tarn (2,15m à Cocurès) ne satisfera pas leur appétit. Cependant il a bien satisfait l’appétit de la troupe qui s’est régalée sous un bon soleil. Tellement modèle comme descente, que Mathieu décide de passer Cocurès et un autre rapide à proximité la tête sous l’eau, ça esquimaute et ça passe sans bobo. Denis quant à lui réussi à disparaître totalement sous un rouleau avec son creeker, saluons la performance.

9)Les soirées kayakistes sont bien arrosées:
FAUX, Vendredi soir 21h30, tout le monde au pieu. Tient c’est bizarre, quelle en est la raison? Une participation à une course régionale qui nous permettrait d’accéder en N1? Des piges de qualif’ pour les JO? Rien de cela, mais l’évocation de la navig du lendemain a rendu tout le monde raisonnable. Éléphant, Gouffre des Meules, Gouffre de l’Hermet, Seringue, Trompette, Empereur, Mécontentes, Planche à laver; etoui c’est parti pour le Haut-Tarn. Certains envisagent la lecture du topo avant d’éteindre la frontale, pas sûr que ça aide à passer une bonne nuit.

10) La nuit porte conseil:
FAUX, en tout cas elle ne dit pas à quoi ressemble la Planche à Laver ou la Seringue… Samedi matin réveil en douceur, on remballe le camp.

11) Tous les chemins mènent à Rome:
Certains (pas beaucoup) vont à Pont-de-Montvert. Étonnamment, la boule monte au ventre au fur et à mesure que les chiffres sur les panneaux kilométriques indiquant la destination régressent. Là-haut nous devons retrouver un autre kayakiste que nous appellerons Johnny WeissMuller pour des performances qui seront développées plus bas. Se donner Pont de Montvert reste un peu vague comme lieu de rendez-vous, nous perdons ¾ d’heures sur le timing (et donc nous gagnons ¾ d’heure de sursis avant ce couloir de la mort qu’est la trompette). Je me sens à ce moment tel un animal que l’on amène à l’abattoir juste avant midi, et qui doit attendre la fin de la pause.

12)Quand faut y aller ; faut y aller:
Cette fois-ci plus de contre-vérités ni de controverses, la contre-gite est bien répétée mentalement. Le soleil est là, l’eau aussi (un peu moins que les 215cm d’hier). Un premier rapide, un petit vélodrome et ça y est, on arrive au gouffre des meules. Tout le monde débarque. Un autre groupe se tâte et réfléchi à la meilleur passe. L’un d’eux passe comme une fleure. Johnny décide de passer le gouffre en entier. Optimisme qui coutera une natation dans le contre, et pas que … l’enchainement passera sans soucis. Une telle nage, méritait bien un nom de champion de natation dans ce compte-rendu, impressionnant! Le reste de la troupe embarque sous l’équerre et se fait le toboggan. Le lait sucré concentré permettra de remettre d’aplomb et
d’exister dans cet enchainement incessant de passages aux sensations garanties. Quelques sécus posées par l’autre groupe, et la plupart des passages, notamment la planche à laver (sensations garanties) sont passés à vue. Quelques bains, une cravate. L’attention est à garder jusqu’au bout avec les mécontentes qui surprennent. Denis n’est pas loin de se faire prendre par le rappel, Aless s’y fait prendre. L’arrivée est en vue après plus de 4h de navig’. Certains trouvent la force d’aller taper la discute avec la navette-girl d’un groupe derrière nous. Dernier obstacle, la remontée au parking. Un quatre-quart et une bière permettent de se remettre de ses émotions. La phrase du jour sera prononcée par Johnny « il y a un avant et un après le Tarn ». Et puis retour tranquille sur Lyon. La suite se ressentira 2 jours plus tard, avec pour plusieurs des courbatures comme si on avait du sport (un vrai sport je veux dire pas celui ou tu es assis et que tu gesticules des bras quand tu n’as vraiment plus le choix), abdos, jambes, dos, tout y passera.

Raphaël

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