Après les lisses calcaires du Tarn, nous voici dans les rugueux granits des Pyrénées, histoire de détartrer nos coques à l’émeri. En effet, aux vues des niveaux annoncés on craint un débit bien faiblard.
C’est donc sous le soleil Catalan que nous nous attaquons au P1 de la Têt à Olette en toute bonne humeur et ho, surprise, un bon débit nous porte à l’enthousiasme, sauf Christelle qui modère un peu le sien compte tenu de son manque de pratique durant cet hiver.
Une rivière plutôt propre, pas trop étroite, pas trop large, et même la végétation reste modérée. Modérée mais juste ce qu’il faut pour que Christelle s’embringue dans un branchage, suivi de moi-même qui vient en rajouter sur l’imbroglio. L’extraction fut un peu laborieuse, genre « mais enfin, lâche nous donc espèce de branchu tétu griffu » mais n’entama pas pour autant notre bonne humeur.
La régalade continue, fluide, ludique ,,,jusqu’à ce que les gentils faiseurs d’électricité hydraulique nous piquent un bon peu, voir plus de notre élément de jeu.
Et le désenchantement commence. Des cailloux, des cailloux et encore des cailloux qui grattent et refusent de laisser glisser nos rétives embarcations. La galère, c’est sûr, mais on se console en pensant que d’autres paient pour se muscler en salle. Nous, c’est gratos et à volonté : un sport garanti complet. Et vas’y que j’te rame, saute, tressaute, secoue, peste et rouspète. La j’en connais un qui se dit : qu’est-ce que c’est pratique le gonflable non ponté . Pas de jupe, on sort, on pousse ou tire et on se re-vautre dans le « canapé » et c’est reparti.
A propos de se vautrer, c’est un gros coussin de granit que Jérôme choisit pour s’affaler de toute sa hauteur. « Aie aie aie », empathisons-nous de le voir se relever péniblement avec une grimace difficilement contenue. Bravement, il reprend la « navigation », sur une seule fesse.
Heureusement, le camping précédemment repéré se trouvait sur le parcours. Christelle, Jérôme et Bertrand se sentant un courageux devoir d’aller préparer le camp du soir. seuls, Luc et moi-même avons eu la chance de continuer la séance d’athletisme sur granit dans la joie et la sueur ; A tel point qu’a un moment Luc m’a fait la hurlante démonstration d’une discipline qui mériterait de figurer aux prochains J.O. : entre deux figures d’équilibrisme sur cailloux ronds et moussus, il s’agit, tout en poussant un cri de mécontentement le plus inhumain possible, de lançer pagaie et esquif le plus loin possible sur la berge de son choix. Ce petit intermède ayant fait baisser un peu la tension de Luc nous reprîmes donc notre performance. Peut-être aussi que cette démonstration de mon compagnon de sport extrême à impressionné quelque dieu des eaux-vives car notre liquide préféré nous fût rendu pour le dernier kilomètre avant de rejoindre nos véhicules et ainsi nous rapprocher d’un autre liquide plus coloré cette fois…