Participants: Christelle, Clément, Gaëtan C, Géraud, Jérôme, Luc, Nico Re, Théo. Descente effectuée le 11 septembre 2021. Compte-rendu rédigé par Luc.

AVERTISSEMENT: afin de préserver l’anonymat des différents protagonistes, les prénoms seront remplacés par des surnoms choisis de façon entièrement arbitraire par la rédaction. Le travail d’identification est laissé à la charge du lecteur. Cette quête du Verdon sera donc menée par le Directeur, lui-même assisté par l’Elève, le Professeur, le Daron, le Musicien, le Mécanicien, le Suisse et l’Allemand.

Préparation de la quête

Contrairement à l’année dernière, pas de stagiaire EDF en charge de la prévision des lâchers qui fait mumuse avec les vannes. Cette année le débit est divulgué plusieurs jours à l’avance: ce sera 13 m3/s. Départ le vendredi soir et arrivée au camping 10 minutes avant la fermeture de la barrière. Le Professeur ne s’est toujours pas remis d’être arrivé avant l’Allemand alors qu’il est parti bien après lui et qu’il a loupé la sortie d’autoroute.

Expérience du mythe

Le Grand Canyon du Verdon ne laisse jamais indifférent, que ce soit lors d’une première ou d’un pèlerinage annuel. 25 km de classe III entre deux falaises de 700m de haut. Ajoutez à cela un soleil radieux et vous vous retrouvez dans une autre dimension, hors du temps. Aucun doute, ça vaut bien un aller-retour de 700km et une navette interminable. C’est une première pour le Musicien, un rappel pour le Daron, le Professeur et le Suisse, et une simple révision pour les autres. On notera que le Directeur, l’Elève et l’Allemand ne manquent aucune édition depuis 2018.

Après une petite heure de navigation tranquille, nous arrivons au premier rapide clé: le Solitaire. Intimidant mais peu difficile à condition de bien pointer à droite en sortant de l’étroiture. Le Solitaire marque l’entrée du couloir Samson et le slalom entre plusieurs grilles. Puis vient le rapide de l’Estellié, reconnaissable à la grande passerelle qui le surplombe. Heureusement qu’elle est là cette passerelle, elle donne une vue imprenable sur le rapide et sur la ligne à choisir. Probablement le rapide le plus dur de la descente, avec en prime un siphon en sortie de rapide. L’Elève et le Professeur portent, les autres passent. Le Mécanicien s’engage en solitaire, tandis que l’Allemand guide le Daron et le Musicien. Pas de changement, la ligne est la même que les années précédentes, à se demander pourquoi on repère chaque année.

Viennent ensuite le Niagara, la Guillotine, le picnic au soleil (sur demande du Daron et de l’Elève, alors que l’Allemand n’en avait absolument rien à foutre, lui il voulait manger), et le premier portage obligatoire. Dans une démarche d’optimisation pour les futures descentes, le groupe se sépare en deux pour voir de quel côté le portage est le plus long. Réponse: rive droite. Et vient le fameux, l’unique, le redouté rapide du Styx. Malgré un double-seuil qui ne casse pas des briques, toute faute vous rend éligible à un aller simple pour les Enfers. L’année précédente, l’embarcation de l’Allemand a même failli servir d’offrande! Gros changement cette année, le groupe s’est engagé un par un sans repérage, ne laissant pas le choix à l’Allemand qui s’apprêtait à porter.

Le sketch de l’Imbut (alias le mythe touché du doigt)

L’Imbut est une galerie quasi souterraine, avec 3 portages à l’intérieur. Le premier très court, le deuxième immédiatement après assez long et pénible à cause d’un bouchon d’arbre, et le dernier pour sortir de la galerie.

Le Suisse, le Musicien et le Mécanicien s’engagent d’abord, suivis rapidement par l’Allemand, le Professeur et le Daron. Pendant le premier portage, nous entendons au loin le Directeur sermonner l’Élève avant de les voir arriver. Le deuxième portage s’annonce laborieux: le Suisse et le Musicien passent d’abord. L’Allemand, qui a foiré le premier portage et terminé à la flotte, a bien du mal à s’engouffrer dans la brèche malgré l’aide du Mécanicien et du Directeur. Tout le monde finit néanmoins par passer. Et se présente le troisième et dernier portage. Le Directeur ne peut cacher sa déception car la procédure de portage est bafouée par le Suisse et le Musicien. En effet, la corde prévue pour se hisser par la lucarne est jetée à l’eau. Il exprimera son exaspération dans la diplomatie et le calme que nous lui connaissons. Il restera dans l’ignorance (heureusement d’ailleurs) lorsque le kayak mal débarqué du Suisse se fera la malle, ce qui exacerbera son impatience à la limite de la vulgarité. Le Daron et l’Elève tentent de le ramener à la raison en indiquant que le chrono lancé au début du passage n’indiquait que 30 minutes (soit un temps honnête), tandis que le Professeur continue de rire. L’Elève embarque à la sortie de la lucarne et fait ensuite face à un double spectacle: d’un côté le Directeur qui continue de s’énerver sur le Daron et le Musicien, et de l’autre l’Allemand en train de s’adonner à des étirements la tête en bas. Il s’est avéré qu’il tentait de vider sa combi sèche sans l’enlever (lors du saut de la lucarne, le col n’a pas résisté à la pression). Au final, le sketch n’aura duré que 48 minutes.

Certes, l’Imbut est un rapide passablement merdique, mais le Directeur tient à rappeler que porter l’Imbut, c’est comme mettre de l’ananas sur la pizza: c’est tout simplement interdit.

La fin de la quête et le retour à la réalité

Pour la quête soit bien menée à son terme, il faut sortir du canyon, et si possible avec tout le monde. Deuxième portage obligatoire, fort heureusement moins galère que l’Imbut, suivi immédiatement par l’Assomoir, théâtre d’un bain et d’une auto récupération remarquable de l’Allemand. Et c’est le lac qui arrive, et nous évoluons au milieu des touristes avec leur chien et leur enceinte sur leurs canoës ou pédalos. Comme cela était mentionné plus haut, vous êtes déconnecté du monde pendant quelques heures. Ainsi, l’arrivée sur le Lac est source d’un sentiment difficilement descriptible mêlant nostalgie et satisfaction, au milieu de ces touristes qui se demandent ce que peuvent bien faire 8 pèlerins qui sortent du canyon en tenue de combat. Sache, lecteur, que la quête du Verdon et le tutoiement de son mythe ne sont possibles qu’en kayak. La quête se termine sur un magnifique coucher de soleil. Et c’est parti pour 1h30 de navette avec le Mécanicien, le Professeur et l’Allemand, pendant que le Directeur passe une commande à la pizzeria de Moustiers. Et c’est le retour au camping pour les ablutions avant une dernière mission de la plus haute importance: récupérer le butin (à savoir les pizzas et la bouteille de rosé). Mission que le Daron et l’Allemand accompliront avec succès.

Débriefing de la quête et leçons apprises:

  • Le Verdon vaut bien son pèlerinage annuel
  • Le Musicien considère les frites comme un repas léger
  • Les sangliers sont une excellente excuse pour mettre les freins à l’épreuve
  • Il est recommandé au Directeur de réprimander ses camarades en allemand plutôt qu’en français pour une persuasion améliorée

Luc

Catégories : Récits sorties