Auzène – dimanche 27 octobre 2013

Quand ?
Par un doux dimanche matin de changement d’heure, après un bel orage sur la région lyonnaise. Et après des précipitations record le mercredi précédent (100mm de pluie en une journée !)

Qui ?
Au départ de Lyon, nous sommes trois : Raphaël, Aurélien, et Denis.

Et puis arrivés sur la rivière, nous retrouvons un paquet de kayakistes : des stéphanois (Bernard, Jean-Paul, …) et des grenoblois (Lionel, Christophe, Simon, …). Nous les nommerons les joyeux campeurs de la vallée de l’Eyrieux, qui se sont pris l’orage de dimanche matin comme tout le mode sauf qu’ils étaient sous la tente !

Où ?
Destination Haute Ardèche. En partant de Lyon, nous ne savons pas encore quelle sera la rivière. Ça se joue entre Glueyre, Eyrieux et Auzène. Dans la voiture, on se questionne. Tu as déjà fait la Glueyere toi ? C’était comment ? Et par rapport à l’Auzène ? Et puis au fur et à mesure que nous approchons -noyés sous des trombes d’eau au passage de Valence- la décision est prise par les joyeux campeurs de la vallée de l’Eyrieux d’aller sur l’Auzène. La Gluyere, bien qu’en train de descendre, était un peu trop haute la veille et avec l’orage du matin elle est en train de prendre !

Intégrale de l’Auzène donc : du IV, des passages V, quelques portages.

Comment ?
Oh, comme d’habitude : rendez-vous sur le parking, déballage des affaires de kayak (sèches pour les lyonnais n’ayant pas navigué la veille, mouillées pour les autres), navette et admiration de la rivière dans le fond de la vallée sous le soleil et les nuages qui se dispersent, embarquement et enfin navigation.

 

L'Auzène sous le pont juste après l'embarquement

100m après l’embarquement, la couleur est donnée tout de suite : du gros granite, de la pente, de l’eau !

Pourquoi ?
Mais pourquoi donc ne cessons nous de parcourir les rivières ? Ah mais en voilà une question qu’elle est bien bonne !

Pourquoi sortir quand il pleut ? Pourquoi se changer dans le froid ? Pourquoi tremper dans l’eau pendant des heures ? Pourquoi crapahuter sur des rochers glissants avec son kayak sur le dos ? Pourquoi passer de longues minutes à repérer un rapide pas engageant à essayer de prédire la meilleure passe sachant que ça peut très bien se passer pas du tout comme on l’avait prévu et que le rapide sera franchit en 4 secondes ? (Et pourquoi le néoprène finit toujours par sentir mauvais ?)

Parce que !
Parce que les paysages sont magnifiques, isolés, sauvages. Parce que la rivière coule dans une gorge boisée de nombreux buis et de châtaigniers plus haut. Parce qu’on n’est rien face à la puissance de la rivière, qui aura toujours le dessus. Parce qu’il arrive qu’un héron cendré s’envole à notre approche.

Parce que c’est un plaisir de jouer avec le courant, de faire un giclée sur un seuil, de couper une langue d’eau pour atterrir dans un contre-courant, de filer aussi vite que le courant, de sauter une chute de 4m après une étroiture !

Parce qu’on est confronté à soi-même, à ses propres limites. Personne ne peut décider à notre place si on va se lancer dans cette fameuse deuxième chute qu’il faut prendre bien à gauche à l’entrée, avec une bonne giclée main droite. La décision finale nous appartient, on nous de voir si « on le sent ». Tout cela en se basant -quand c’est la première fois- sur la simple observation du rapide, sur le passage éventuel d’un ouvreur (parfois dissuasif, pas souvent persuasif car on se dit qu’il a mieux géré qu’on ne va le faire).

Parce que je trouve génial d’ouvrir un passage complètement inconnu, non repéré, sur les simples instruction d’un Lionel posté sur la berge, lui seul ayant vu le rapide et sachant ce qui m’attend. Les instructions consistent en quelques gestes, le bruit de la rivière couvrant les voix. Et le passage est un IV+ évidemment, un escalier de trois bons mètres qui finit dans une belle vasque entourée de granite ! C’est une histoire de confiance, de connaissance du groupe.

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Semine – samedi 5 octobre 2013

Sortie à la journée sur la Semine, parcours P0 (de Belleydoux à Moulin Neuf), vers Saint-Germain-de-Joux. Niveau d’eau: 16m3/s à la station de Châtillon-en-Michaille (encore moins que les 20m3/s de la dernière fois). Des passages IV, des chutes, un X.

La fine équipe: Raph, Clément (ni J., ni S., encore un autre), et Denis.

Nous partons à trois de Lyon, Alessandra ayant gentiment organisé la sortie mais préférant aller naviguer en bassin. Direction Nantua pour aller sur la Semine, une des quelques rivières qui a pris de l’eau avec les pluies de vendredi. Nous jetons un coup d’oeil au niveau d’eau à Saint-Germain-de-Joux puis à l’arrivée du parcours des gorges P0: ça a l’air navigable et de toute manière on ne connait pas le P1 (qui comporte un infran aussi).

Direction l’embarquement, le parking est accessible cette fois-ci: en mars dernier il y avait 50cm de neige partout, mais un peu plus d’eau dans la rivière. Au bout de 50m, il faut déjà dégager un tronc qui barre la rivière: la couleur est donnée ! Les paris sont lancés sur le nombre de portages, Raph mise sur plus de 10, je suis plus optimiste avec un objectif à moins de 10.

La Semine serpente dans une belle gorge, boisée, profonde, isolée. Au programme, de très belles chutes, dont certaines sont à porter (soit par manque d’eau, soit à cause de la hauteur, soit tout simplement parce qu’il faudrait être fou pour tenter ça car c’est un infran). Comme la forêt est difficile d’accès, elle est peu entretenue, et donc les arbres tombés dans la rivière sont légion, la vigilance est de mise sur l’eau. Le sol est couvert de feuilles et d’humus, souple mais glissant, les couleurs d’automne font leur apparition.

Parfois un rayon de soleil souligne le vert des feuillages et de la mousse omniprésente sur les troncs. Le ciel bleu chargé de nuages blancs ajoute une touche lumineuse à ce cadre magnifique. Cela fait bien longtemps que le grand rapace et le héron cendré qui nous ouvrent la rivière n’ont pas vu de présence humaine. Sur la route du retour, c’est un petit chamois qui file se cacher dans la forêt -heureusement pour lui, le chasseur avec son gros fusil à lunette se trouve sur l’autre versant de la gorge !

En résumé: peu d’eau, des cailloux moussus qui ne rayent pas trop les kayaks, pas mal d’arbres qui barrent le rivière (plus ou moins gros), un saut à pied de 5m dans une vasque pour éviter un portage, et de la marche sur un étroit chemin à peine visible pour porter le bel infran (de l’eau qui s’engouffre dans un brèche étroite de roche dure et plonge dans une grande vasque avec une voute de roche dure -toujours la même- au dessus).

Au final, nous ferons 8 portages (un de moins pour Raph qui saute le premier barrage). Le paysage est tellement beau que le kayak s’en trouve plus léger et se fait presque oublier lors des épisodes de marche à pied. À tel point qu’un certain Fluid rouge tenta de me prendre pour une quille en se prenant lui-même pour une boule de bowling dévalant la pente, heureusement il n’y eut pas de strike !

Comme on dit dans le milieu, ça peut prendre de l’eau. On reviendrait bien avec 60m3/s, et des scies aussi ! Je regrette vraiment de ne pas avoir pu vous ramener de phot de cette belle gorge. Pour vous consoler, j’ai ramené une échelle limnimetrique.

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Compte rendu sortie Vénon – samedi 28 septembre 2013

Sortie rivière à la journée sur le Vénéon.

Parcours P2 : Camping de la Bérarde – Pont Romain de Champhorent

La fine équipe : Jérôme, Bertrand V., Ale, Colas, Marie-Laure et votre rédacteur.

La vallée de la Bérarde est déserte, les premières couleurs d’automne font leur apparition. Les zones herbeuses en altitude virent au brun et certains bouleaux dans la vallée commencent à revêtir leur feuillage doré. L’eau du Vénéon coule en contrebas de la route -bien plus bas, dans la gorge tout au fond de la vallée-, elle est d’un bleu turquoise incroyable.

Seulement voilà, nous ne sommes venus ici pour simplement admirer le paysage ou cueillir des fleurs. Les rochers du lit de la rivière attendent de voir passer nos coques colorées et le bout de nos pagaies, voire nos ponts subitement retournées !

Sur le parking de l’embarquement, nous cassons la croûte avant de nous changer. Enfin, plus précisément, ceux qui n’ont pas l’estomac en vis de pressoir mangent un peu alors que d’autres ne dorment déjà plus depuis deux jours et sont incapables d’avaler quoi que ce soit. Et oui, même si le niveau d’eau est bas, ça reste du IV ce Vénéon.

Je vous épargne les détails sur la navette et le boulet qui oublia ses sandales dans le sac avec les affaires sèches à l’arrivée (même après des années de pratique, toujours vérifier que l’on a tout et même le demander à la ronde avant de partir faire la navette !).

L’eau du Vénéon est froide. Il ne faudrait pas moins d’eau mais tout passe sans frotter. Bien entendu, personne n’est à l’abri d’une cravate, bien des rochers sont émergés. À l’approche du rapide du photographe -que nous avions regardé depuis la route en passant- l’ouvreur nous refait le coup de la planche à laver: hop on y va sans rien dire et tout le monde suit, innocemment. Sauf Marie-Laure qui perd ici un peu de son innocence. Pas bon du tout pour le moral des troupes ça; on est proche d’un abandon massif de 33% des effectifs du groupe.

Mais le groupe reste soudé, désormais nous irons reconnaître et sécuriser les passages difficiles afin de rassurer tout le monde. La descente se poursuit, il ne faut pas relâcher l’attention car le niveau de navigation est continu et il n’y a pas de zones de répit. Et laissez moi préciser que contrairement aux croyances communes, le Cerro est parfaitement adapté à cette rivière manœuvrière !

Les reprises sont parfois tremblotantes, mal assurées à la perspective de se lancer dans le passage qui vient d’être reconnu. Le stress du stop en amont d’un passage à reconnaître donnera aussi lieu à un bain inutile, la faute à une berge frôlée de trop près pour d’obscures raisons de soi-disant sécurité. C’est bien connu, il y a plus de cailloux quand on se rapproche des berges, mais parfois le kayakiste perd sa lucidité au détriment d’une navigation propre.

Arrivés à l’infran, nous allons y jeter un coup d’œil: un caillou en réception du seuil est effectivement très dissuasif ! Portage dans la caillasse.

Vers la fin, Colas nous fera une bonne frayeur en faisant un bac juste au dessus d’un rocher drossant/siphonnant. Alors que tout le monde avait fait attention à serrer la gauche, voilà qu’il part se coller en cravate sur le rocher. Ni une ni deux, tout le monde sort précipitamment de son bateau pour lui porter secours. Pour ce qui est du temps de réaction, rien à redire, en revanche le placement des secours n’était pas idéal. Bertrand part en face mais le stop est difficile et il manque de se renverser; Jérôme et moi sommes sur la berge opposée à Colas et à part lancer une corde, nous ne pouvons pas intervenir correctement. Il aurait fallu traverser la rivière et aller l’aider à pied.

Plus de peur que de mal, Colas garde son sang froid et sort finalement de son bateau tout seul. Pendant ce temps là, Marie-Laure -qui porte sur le chemin au dessus de la rivière- tente d’expliquer à des randonneurs que le kayak est une activité ne présentant absolument aucun risque et accessible à tout le monde ![/!\ Attention second degrés, on ne plaisante pas avec la sécurité. Seulement le risque est inhérent à la pratique du kayak, on essaie de le maîtriser; d’ailleurs, venez à la journée sécurité à Saint Pierre]

Le pont Romain qui marque l’arrivée est toujours aussi joli. Le portage pour rejoindre le parking est toujours aussi dur !

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