Sortie à la journée sur la Semine, parcours P0 (de Belleydoux à Moulin Neuf), vers Saint-Germain-de-Joux. Niveau d’eau: 16m3/s à la station de Châtillon-en-Michaille (encore moins que les 20m3/s de la dernière fois). Des passages IV, des chutes, un X.
La fine équipe: Raph, Clément (ni J., ni S., encore un autre), et Denis.
Nous partons à trois de Lyon, Alessandra ayant gentiment organisé la sortie mais préférant aller naviguer en bassin. Direction Nantua pour aller sur la Semine, une des quelques rivières qui a pris de l’eau avec les pluies de vendredi. Nous jetons un coup d’oeil au niveau d’eau à Saint-Germain-de-Joux puis à l’arrivée du parcours des gorges P0: ça a l’air navigable et de toute manière on ne connait pas le P1 (qui comporte un infran aussi).
Direction l’embarquement, le parking est accessible cette fois-ci: en mars dernier il y avait 50cm de neige partout, mais un peu plus d’eau dans la rivière. Au bout de 50m, il faut déjà dégager un tronc qui barre la rivière: la couleur est donnée ! Les paris sont lancés sur le nombre de portages, Raph mise sur plus de 10, je suis plus optimiste avec un objectif à moins de 10.
La Semine serpente dans une belle gorge, boisée, profonde, isolée. Au programme, de très belles chutes, dont certaines sont à porter (soit par manque d’eau, soit à cause de la hauteur, soit tout simplement parce qu’il faudrait être fou pour tenter ça car c’est un infran). Comme la forêt est difficile d’accès, elle est peu entretenue, et donc les arbres tombés dans la rivière sont légion, la vigilance est de mise sur l’eau. Le sol est couvert de feuilles et d’humus, souple mais glissant, les couleurs d’automne font leur apparition.
Parfois un rayon de soleil souligne le vert des feuillages et de la mousse omniprésente sur les troncs. Le ciel bleu chargé de nuages blancs ajoute une touche lumineuse à ce cadre magnifique. Cela fait bien longtemps que le grand rapace et le héron cendré qui nous ouvrent la rivière n’ont pas vu de présence humaine. Sur la route du retour, c’est un petit chamois qui file se cacher dans la forêt -heureusement pour lui, le chasseur avec son gros fusil à lunette se trouve sur l’autre versant de la gorge !
En résumé: peu d’eau, des cailloux moussus qui ne rayent pas trop les kayaks, pas mal d’arbres qui barrent le rivière (plus ou moins gros), un saut à pied de 5m dans une vasque pour éviter un portage, et de la marche sur un étroit chemin à peine visible pour porter le bel infran (de l’eau qui s’engouffre dans un brèche étroite de roche dure et plonge dans une grande vasque avec une voute de roche dure -toujours la même- au dessus).
Au final, nous ferons 8 portages (un de moins pour Raph qui saute le premier barrage). Le paysage est tellement beau que le kayak s’en trouve plus léger et se fait presque oublier lors des épisodes de marche à pied. À tel point qu’un certain Fluid rouge tenta de me prendre pour une quille en se prenant lui-même pour une boule de bowling dévalant la pente, heureusement il n’y eut pas de strike !
Comme on dit dans le milieu, ça peut prendre de l’eau. On reviendrait bien avec 60m3/s, et des scies aussi ! Je regrette vraiment de ne pas avoir pu vous ramener de phot de cette belle gorge. Pour vous consoler, j’ai ramené une échelle limnimetrique.
ANNEXE TECHNIQUE
Question: Depuis son retour de Norvège, Raph est en grande forme. Si bien qu’il se tâte pour franchir la chute verticale du gros barrage de pierre. Il y a au moins 2m de fond, ma pagaie est allé voir, donc pas de souci du côté de la profondeur de réception. En revanche, quelle est la vitesse verticale d’impact de Raphaël au moment où sont bateau touche l’eau du bassin de réception après un vol libre vertical de 5m vers le bas ?
Réponse: Loi de Newton va nous permettre de répondre. Nous négligerons les frottements de l’air, Raphaël n’étant pas un avion de chasse -si jamais il se trouve qu’il atteint des vitesse importantes, nous pourrons revenir sur cette hypothèse. Bref, c’est de la chute libre sans frottement, l’accélération verticale du kayakiste est donc constante et égale à la gravité (a(t)=g [1]).
On intègre un première fois pour obtenir la vitesse: [2]. On vérifie que la condition initiale de vitesse nulle est respectée:.
Reste à savoir à quel instant t1 il atteint le bassin de réception, afin d’estimer v(t1) la vitesse de percussion de l’eau. Pour cela, on intègre une deuxième fois la vitesse pour obtenir l’équation du déplacement vertical: [3].
Sachant que z(t1)=5m, on en déduit le temps de chute t1 (une équation à une inconnue, on peut s’en sortir !). Et en plus, en prenant g~10m/s2, ça donne des chiffres ronds.
On trouve donc un temps de vol t1 de 1s (cf. équation [3]) et une vitesse d’impact de 10m/s (cf. équation [2]). Soit 36km/h.
On comprend donc:
- l’intérêt de ne pas atterrir à plat pour amortir le choc;
- et l’intérêt de chercher de l’eau pas trop dure -et donc aérée- pour minimiser la poussée d’Archimède et donc le choc.
Bon, pénurie de récipients (manque de pot, pas de bol), au pied de la chute il n’y avait que de l’eau dure et Raph est plutôt arrivé à plat en bas… Mais je vous rassure, il va bien.